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Mai 1889 Paris → Genève

En mai 1889, Henri [1] part pour un périple de 2 semaine vers Genève à travers la Bourgogne et les monts du Jura. Il est accompagné  de Plouvier [2] un collègue de la banque Offroy [3] et  de Frédéric Gondolo [4] l’ami de toujours.
Cette randonnée a été refaite de Migennes à Genève du 9 au 15 juin 2014 au plus près du parcours réalisé par Henri en 1889 en compagnie de Alain et  Dédé, les copains Strasbourgeois.

Le voyage:

Aller de Paris Bercy à Laroche-Migennes en TER Bourgogne pour moi, Strasbourg à Dijon pour les Alsaciens

Retour de Genève à Paris et à Strasbourg en TGV.

Canal de Bourgogne

L’itinéraire:

Migennes → Dijon le long du canal de Bourgogne tout seul

Dijon : jonction avec l’Alsace

Dijon → Genève au plus près de l’itinéraire d’Henri.

Les étapes:

Migennes → Pacy sur Armançon ( 72 km):

En arrivant sur St Florentin

«Près de St Florentin nous sommes surpris par un orage épouvantable qui dure fort longtemps. Aussi après avoir attendu fort longtemps dans cette ville, décidons-nous que nous y coucherons. Nous descendons à l’hôtel de la Porte-Dilo.»

J’ai plus de chance qu’Henri. Il fait un temps superbe en Bourgogne et c’est un vrai plaisir de rouler le long du canal. Pique-nique au bord de l’eau à Tronchoy, café à Tonnerre et une grande bière pour lutter contre la déshydratation à Ancy-le-Franc avant d’arriver à Pacy-sur-Armançon.

 

Nuit à Pacy à l’hôtel Au petit câlin [5]

Bon accueil, garage pour le vélo, chambre modeste et repas étape

Le long du canal

Pacy → Pouilly-en-Auxois (97 km)

«Il nous est arrivé avant Ancy-le-Franc, notre premier accident. Dans une descente, Gondolo descend brusquement et nous culbutons Plouvier et moi en voulant l’éviter. Résultat mon guidon tourné et la manivelle à Plouvier faussée. Nous réparons cela à Ancy-le-Franc chez un maréchal-ferrant. Nous repartons de Nuits à 1H50 vers St Remy, la pluie commence et ne nous quitte pas jusqu’à Epoisses où nous arrivons faits comme des voleurs.»

Aujourd’hui, nos itinéraires se croisent. Faute de temps, je dois rejoindre Dijon au plus vite et je battrai mon record de distance (re battu depuis!). Henri me quitte donc à St-Rémy, je le croiserai à nouveau vers Alésia et nous nous retrouverons demain soir à Dijon.

Nuit à Pouilly-en-Auxois au camping Vert Auxois [6].

Une tente aménagée avec un grand VRAI lit FAIT. Le bonheur! Un petit Charolais en ville.

 

Pouilly → Dijon (67 km)

Route tranquille le long du canal; vieilles pierres, maisons éclusières, lavoirs, cerisiers couverts de fruits. je redécouvre ce parcours magnifique fait en 2007.

Vieux pont à Gissey-sur-Ouche

Maison éclusière

 

 

 

 

 

 

Nuit à Dijon à l’hotel Chambellan [7]

2 étoiles prix raisonnable en centre ville. Cour pour les vélos.

Le groupe vers Dôle

 

Dijon → Les Bordes (92 km)

En selle et direction la gare. Les Strasbourgeois ont réussis à trouver des trains malgré la grève de la SNCF qui dure depuis 3 jours. Petit tour en ville et départ tranquille pour les 30km tout droit le long du canal jusqu’à St-Jean-de-Losne.

«Départ à 5H25 du matin. Les routes sont épouvantablement mauvaises. Ce sont de véritables rivières de boue et de cailloux. Nous sommes désespérés. Arrêt à Genlis à 6H40 jusqu’à 7H30. La mauvaise route nous poursuit jusqu’à Auxonne où nous arrivons à 8H45. Arrêt jusqu’à 9H25. La route s’améliore un peu quoique n’étant pas encore bien fameuse. Nous déjeunons à Dôle»

Nous rattrapons l’itinéraire d’Henri au sud de Dôle. Il fait chaud, chaud…. et les eaux claires la Loue que nous traversons nous apportent un peu de fraicheur en ce début d’après midi. 

Baignade dans la Loue à Parcey

Ca commence à grimper!

Nous abordons les premiers contreforts du Jura, quittons la départementale pour de petites routes pentues vers le hameau des Bordes, dans les environs de Poligny.

 

 

 

 Nuit Aux Bordes au gîte d’étape La Maison du Haut [8]

Comme son nom l’indique elle n’est pas en bas! et après une bonne étape, on est content d’y arriver. C’est paumé, mais on y dort et mange bien.

Les Bordes → Clairvaux-les-Lacs (67 km)

Falaises de Poligny

La journée s’annonce chaude et vallonnée. Nous redescendons sur Poligny sur les traces d’Henri. Aucune information sur l’hôtel de France où il est descendu. Par contre l’hôtel de Paris, en activité, est agréablement toujours décoré style 1900.

«Poligny est une charmante petite ville bâtie au bas d’immenses falaises que nous gravirons demain matin par une côte de 6Km. Cela nous réveillera.»

On attaque les premières falaises dès la sortie de Poligny. Passage à Champagnole et découverte des gorges de la Lemme qui ont enchanté Henri. 

Gorges de la Lemme

«La route montant presque toujours est vraiment féerique. Un torrent impétueux qui se déroule en chutes et en cascades, suit la route que surplombent des rochers de l’autre côté. L’admiration autant que les côtes nous obligent à faire le chemin à pied. A chaque détour ce sont des points de vue nouveaux et merveilleux qui nous laissent muets de surprise. C’est splendide.»

Arrêt baignade dans les eaux turquoises du lac du petit Maclu, point culminant de notre étape. Pique-nique puis petite glace; non pas par gourmandise mais pour se rafraichir! Descente bien méritée vers Clairvaux.

 

Nuit à Clairvaux au camping Les Tilleuls [9] en bungalow.

Clairvaux → Mijoux (68 km)

Les Piards dans la combe d’Anchez

‹La route monte d’abord mais ensuite c’est une descente presque continuelle jusqu’à St-Claude où nous couchons. Les points de vue sont encore plus beaux que sur la route de Champagnole à St-Laurent. C’est véritablement grandiose et la plume se refuse à exprimer notre admiration. A un moment nous apercevons  les monts du Jura entièrement couverts de neige, dont la cime blanche se profile là-bas. Que c’est beau !»

La D905, voie empruntée à l’époque par Henri, étant très voitureuse, nous préférons suivre de petites routes à travers combes et crêts. Même profil, montée jusqu’aux Piards puis belle descente  jusqu’à Saint-Claude. Petite pause, restauration et désaltération.

Le fameux « chapeau de gendarme »

«Au sortir de St Claude nous avons d’abord une montée de plus de 7 Km. Le pays est magnifique. La route, tourne quelquefois trois cercles pour arriver au fait d’une montagne. A un moment elle passe sous un énorme rocher en formant un tunnel de plusieurs mètres. Nous déjeunons dans un petit village près de Sémoncel . Nous montons toujours. Bientôt à notre grande surprise nous apercevons des tas de neige sur les hauteurs, à quelques vingt mètres de nous. Plouvier veut à toutes forces en chercher et bientôt il nous en rapporte une poignée. Il n’y a pas à douter, c’est de la neige et pour en être bien certain j’en mange! A mesure que nous montons la neige devient plus abondante. Ce n’est plus sur les hauteurs qu’elle se trouve mais sur la route à deux pas de nous, et d’une épaisseur de près d’un mètre. Nous passons à Lajoux, puis à Mijoux où nous prenons un passe-avant (document douanier) pour nous vélos. Coût 5ct. Avant Mijoux nous avons eu une descente de 4 Km mais une descente absolument impraticable. La route, en lacets très rapides, est fort mauvaise par endroits.»

Et c’est parti pour 14 km et 800m de dénivelé jusqu’à Lajoux! La route est belle, plus belle qu’il y a un siècle! mais le Tour est passé par là en 2010 comme en témoignent les vestiges vélocipédiques. Dédé s’échappe dès le début et arrivera en tête, suivi de peu par Alain puis par le « rouleur à plat » avec quelques minutes de retard. Dur, dur mais superbe. Il n’y a pas que les routes qui ont changé; le climat aussi; pas de neige pour nous alors qu’il en restait 1 mètre en mai 1889!   Petite bière bien méritée et descente tranquille vers Mijoux.

Nuits à Mijoux au gîte d’étape communal [10]

Spacieux, confort sommaire mais à 6€ la nuit/personne. Au centre du village. 

Mijoux → Genève (39 km)

«A Mijoux nous avons une énorme montée pour aller à la Faucille. La route, toujours très cailloutée, monte par une moyenne de 17%. Quelque fois même la côte atteint 24 % ! Et cela pendant 4 Km. C’est esquintant et quand nous arrivons à l’hôtel isolé qui occupe le Col, nous mourrons de faim et sommes assez fatigués. Il parait que les bicyclistes qui passent ici font toujours monter leurs machines en voiture.»

La Faucille aujourd’hui

La Faucille en 1900

C’est vrai que les 300m de dénivelé par la départementale qui monte aujourd’hui à la Faucille en contournant la crête sont bien plus faciles à monter que les lacets de la route empruntée par Henri. Arrêt nostalgie à la Faucille,; les hôtels sont toujours là, rénovés et renommés, mais le site à su garder sa physionomie.

«Nous avons plus de 10 Km de descente très rapide par lacets d’où nous avons une vue magnifique… J’ai attaché mon frein avec une courroie et malgré cela je suis obligé de retenir avec les pédales. Nous mettons très longtemps à faire cette descente à cause de la beauté du paysage qui nous force à nous arrêter par moment.»

Vue sur le lac en descendant sur Genève

 Superbe descente jusqu’à Gex puis itinéraire cyclable jusqu’au centre de Genève. Dernier pot et direction la gare. La SNCF est toujours en grève, le TGV pour Strasbourg semble être maintenu. Celui pour Paris que j’avais réservé est annulé. Un autre qui part plus tôt est programmé mais il ne prend pas les vélos! J’y monte néanmoins, case le biclou dans un coin et le train part. Les contrôleurs sont d’une bienveillance inhabituelle! 

Voyage sans problème et retour à la maison.

 

 

 

Le parcours

On retrouvera l’itinéraire 2014 ainsi que la trace à télécharger sur le site vélocanauxdodo [11].