Henri et les enfants

Henri n’est pas un fanatique des enfants. Une phrase à elle seule résume cela : « Et, en les voyant arriver, je commence à comprendre pourquoi j’ai horreur des enfants, moi qui n’ait pu les juger que par ces neveux ou nièces plus assommants les uns que les autres. » (14 Juillet 1908) ; mais c’est peut-être, aussi, faute de ne pas en avoir eu.

On notera aussi « En traversant CAPDEVILLE, un chien excité par des enfants nous fait une chasse enragée. » (5 Juin 1894) ; « Après un déjeuner écourté par l’arrivée de deux petits laiderons rouges … » (12 Juillet 1903) ; « Ah ! le sale train ! A LA BAULE près d’une heure d’attente, au milieu d’une légion d’écoliers en balade. Nous sommes en suite ou 8 dans mon compartiment dont 3 gosses. Un d’eux dort avec obstination sur moi. » (14 Juillet 1903) ; « Je ne crois pas être suspect de bienveillance exagérée à l’égard de la gente lardonifère. » (1° Juillet 1906) ; « Dans mon compartiment … les lardons qu’on a installé auprès de moi me forcent à me recroqueviller dans mon coin et m’embêtent. J’ai du moins la consolation d’en voir un rouler par terre du côté de SAUMUR. Hélas, il ne se tue pas ! » (13 Juillet 1906) ; « A HERIC … une brute d’enfant, malgré les exhortations de sa mère, veut absolument se faire écraser par moi. Je résiste, freine et descends à 10 centimètres de ce [ ?] en poussant un « tonnerre de Dieu » qui me fait regarder de travers. » (15 Juillet 1906) ; « M’man. Je veux manger ! je veux manger dis ! On déjeune donc ; mon wagon de troisième surchauffé se parfume de relents de victuailles variées. » (3 Août 1907) ;  « Je vais déjeuner chez Hardel où je trouve Tissot, un ancien artilleur du 2°, maintenant pourvu d’une femme gentille et de 4 enfants tous plus assommants les uns que les autres. L’ainé s’amuse à faire manœuvrer mon Vérascope et le détraque naturellement. » (18 octobre 1908).

Mais il peut se montrer tendre avec des enfants =

« Je demande du papier et commence une lettre à ma nièce Jeanne qui m’a écrit la veille. Je lui raconte toute cette première partie de mon voyage et lui promets de continuer à chaque ville où je passerai. » (14 Août 1892) ; « C’est la sortie de l’école et toute la marmaille de PIERREFITTE est en admiration devant nos tibias. Tout à coup, une petite fille s’écrie : quelle guigne ! avec l’accent du terroir ce qui nous fait pouffer de rire. » (5 Juin 1894) ; « Nous partons à 7 H. Dans la rue jouent de petites filles : elles aussi portent le costume du pays, absolument semblable à celui des femmes dont on dirait des réductions. Elles sont gentilles à croquer et Auguste est sur le point d’en emporter une. » (2 Juin 1899) ; « Je fais ensuite plusieurs clichés du jeune Jean-Michel … qui est gentil de frimousse et de caractère. Il vous a un chic pour mettre un par un, du bout de ses doigts, ses petits pois dans sa cuiller, tout en observant la plus extrême gravité, qui ne le cède qu’à la dextérité avec laquelle il bourre de pain un œuf à la coque. » (1° Juillet 1906) ; « Je somnole quand la jeune Lucie pénètre dans ma chambre dans les bras de sa nounou et vient me dire bonjour. Il est probable que, si quelqu’un lit ces lignes, il ne doutera guère qu’il y a ici un enfant de 5 mois. C’est qu’aussi Lucie est un enfant modèle que je n’ai pas encore entendu pleurer une seule fois, qui dort toutes ses nuits et lorsqu’elle ne dort point, reste tranquillement dans son dodo en gazouillant. » (14 Juillet 1908) ; « A 7 H, l’infante Lucie vient dans ma chambre pour me surprendre dans mes ablutions. La jeune fille moderne ne doute de rien. Depuis deux mois que je l’ai vue, elle s’est beaucoup modifiée mais est toujours la sagesse même. Même la nuit prochaine, elle percera se première dent et ne dormira guère de la nuit sans que nul ne s’en doute. » (27 Septembre 1908).

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